Carpe diem quam minimum credula postero.

Cueille le jour sans te soucier du lendemain (Horace).

Qui suis-je ?

Avec trois enfants et une demi-douzaine de petits enfants, j’ai presque passé l’âge d’être grand-père. Rien donc de bien particulier dans mon état civil : je suis un (vieux) français que l’on dit communément « moyen », ap­prochant calmement, dans la sérénité, de la porte de “l’orient éternel”.

Ce qui me singularise, cependant, au risque de contra­rier certains de mes amis, c’est que je suis Franc-Maçon – membre actif d’une “Confrérie” aux apparences de secte qui, si l’on en croit la rumeur publique et le qu’en-dira-t-on, tient souvent dans l’ombre les rênes du pouvoir politique et de la fi­nance.

Je suis Franc-Maçon !

Je le revendique, sans fierté ni fausse modestie ; c’est ainsi. Il n’y a, toutefois, à mes yeux, aucune raison pour qui­conque de s’inquiéter à mon égard. Ma seule force politique est celle de mon bulletin de vote que l’on me demande par­fois de glisser dans l’urne ; ma seule puissance financière est celle, bien limitée, de mon compte-chèque bancaire. 

Depuis qu’elle existe, la Franc-Ma­çon­nerie n’a cessé d’ex­citer et d’exacerber les rumeurs et les passions. On s’intéresse toujours, avec des yeux plus critiques que compréhensifs, aux institutions que l’on ne connaît pas. Il n’est, pour s’en con­vain­cre, que de consulter l’un ou l’autre de ces dossiers de presse qui sont publiés dans nos hebdomadaires, ou “news magazines” lorsque l’infor­ma­tion générale et politique se raréfie. 

La Franc-Maçon­nerie cultive le secret ; donc elle est une secte dangereuse qu’il appartient de surveiller, voire d’in­terdire. 

Et pourtant, malgré les surveillances, les inter­dictions, les persécutions même dont elle a pu faire l’objet dans le passé, la Franc-Maçonnerie continue à exister, à œuvrer dans la discrétion, non pour s’assurer la prise du pouvoir politique ou la domination de la finance, mais plus simplement, quoi qu’on puisse en croire ou en penser, pour permettre à des gens comme moi, comme vous, bref comme n’importe qui, de cultiver et de développer en soi des prin­cipes de spiritualité, d’ésotérisme et de fraternité. 

Le Franc-Maçon est, en fait, souvent, un “philosophe” qui s’ignore, qui rêve de lendemains meilleurs tant pour lui-même que pour ceux qui l’entourent, qui désire pouvoir insérer sa pierre, celle qu’il entend modeler et façonner tout au long de sa vie, dans l’édifice moral et spirituel de l’Hu­ma­nité. 

Voilà pourquoi je suis Franc-Maçon. 

Guy Chassagnard